Les logiciels libres dans les classes - Philosophie - Espace pédagogique académique

Les logiciels libres dans les classes

, par Louis Rouillé - Format PDF Enregistrer au format PDF

Ce n’est un secret pour personne : les ordinateurs sont très souvent en marche dans les classes. Quand un ordinateur est en marche, il fait généralement tourner des programmes. Mais quel genre de programmes devrait-on voir tourner dans les classes ?

La réponse est simple pour beaucoup : il faudrait utiliser des logiciels libres. Pourquoi ? Parce que les principes éthiques qui sont au fondement du développement des logiciels libres sont en accord avec les principes éthiques qui sont au fondement de l’enseignement public. On trouvera cette réponse développée dans l’éditorial de rentrée 2020 de Véronique Bonnet, professeure de philosophie en classes préparatoires EC. [1]

En pratique, cependant, la plupart des lycées et établissements scolaires ne se soucient pas réellement du type de programmes utilisés pendant les cours (pour des raisons très diverses, d’ailleurs). L’illustration assez convaincante de cette proposition a été donnée pendant le confinement commencé en mars 2020. Il fallait utiliser des logiciels pour faire la classe à distance. Lesquels ? "Whatever works" était la réponse la plus courante, et certainement la plus rapide à faire, dans un moment comme celui-là. On se souvient ensuite des différents problèmes liés à l’utilisation de certains programmes de visioconférence, concernant la sécurité ou la vie privée des utilisateur.trices. Ces problèmes sont apparus assez vites et ont fait la une de nombreux journaux nationaux.

Naturellement, mettre en pratique la généralisation des logiciels libres à l’école passe nécessairement par l’institution. Il serait faux de penser que l’institution est par principe hostile à cette évolution. L’hostilité est souvent liée à l’inertie de la gestion des parcs numériques et à des intérêts moins abstraits que les différents référents numériques des établissements connaissent bien.

Voici donc une dernière ressource pour discuter avec vos référents numériques et vos administrations, si vous souhaitez hâter la transition vers des outils informatiques libres dans les établissements publics. Cela se fait assez couramment dans les universités et grandes écoles publiques et il n’y a aucune raison de penser que ça soit hors de portée dans les établissements secondaires. Pour ce faire, vous pourrez prendre connaissance de la pétition récemment écrite par la Free Software Foundation (une traduction en français ci-dessous). L’avantage de cette pétition est qu’elle s’adresse directement aux administrations et qu’elle ne manquera pas de provoquer le débat, cette belle chose sur laquelle les démocraties modernes se sont assises...


Signez cette pétition pour la liberté dans la classe

Comme nous l’avons récemment écrit, l’apprentissage à distance ne doit pas (et ne devrait pas) signifier l’abandon des libertés fondamentales. Les récents développements dans le paysage de l’enseignement à distance n’ont fait que contribuer à la tendance inquiétante qui consiste à traiter l’école comme un terrain d’essai pour la surveillance omniprésente et d’autres pratiques dystopiques. Cela est particulièrement dangereux pour les enfants nés dans l’ère numérique, qui peuvent ignorer qu’il existe des alternatives, sans parler du fait que ce qui est perçu comme une "alternative" est en réalité la seule option éthique.

Comme l’ont montré les discussions entre les militants du logiciel libre sur notre liste de diffusion libreplanet-discuss ces dernières semaines, l’éducation numérique peut prospérer lorsque nous faisons de la liberté une priorité. Aucun étudiant ne devrait avoir à échanger sa liberté contre une éducation. La Free Software Foundation (FSF) a déjà collaboré avec un professeur du MIT pour libérer ses cours, et a partagé ses connaissances avec le système scolaire public de Boston. Aujourd’hui, nous franchissons une nouvelle étape dans cet engagement.

À partir d’aujourd’hui, nous travaillons à changer le paysage de l’enseignement à distance avec une nouvelle pétition ciblant le grave préjudice que les logiciels propriétaires font subir aux étudiants, tout en soulignant le fait que c’est une solution éthique. Qu’il s’agisse des Microsoft Teams utilisées pour relier les élèves entre eux, de Google Classroom utilisé pour rédiger chaque document ou de Zoom utilisé pour faire classe, nous voulons faire passer le message que la seule réponse acceptable lorsqu’il s’agit de savoir dans quelle mesure les logiciels propriétaires devraient être autorisés dans les écoles est la suivante : aucune. Faire dépendre les élèves de logiciels non libres pour apprendre est non seulement préjudiciable à court terme, mais c’est aussi une occasion manquée de transmettre les valeurs de l’accès libre, de l’étude, du partage et de la collaboration.

À la FSF, nous travaillons dur pour faire du logiciel libre une question du quotidien : une question dont on parle et qui est prise au sérieux par des gens de tous horizons, et qui n’est pas seulement une cause défendue par une petite communauté passionnée. Nous comprenons qu’il peut être difficile de se faire entendre sur ces questions, c’est pourquoi nous vous proposons de faire entendre notre voix derrière la vôtre en tant que principale organisation du mouvement. En signant la pétition, vous avez la possibilité de nous faire savoir si vous êtes un élève, un parent, un enseignant ou un administrateur d’une école qui exige l’utilisation de logiciels propriétaires. Nous prendrons contact avec l’administration en votre nom, et leur ferons savoir qu’une communauté mondiale de militants et de gens ordinaires ont signé une déclaration en faveur des logiciels libres dans l’éducation.

Cette initiative et cette pétition ont été motivées par la perte des droits des étudiants causée par la pandémie, mais nous n’avons pas l’intention d’en rester là lorsque le coronavirus sera enfin sous contrôle. Nous envisageons que cette déclaration ait une place permanente sur https://fsf.org, et nous nous engageons à entrer en contact avec le plus grand nombre d’écoles possible dans le cadre de nos efforts pour encourager l’adoption des logiciels libres.

Votre solidarité avec nous sur cette question est importante pour nous. Le succès d’une pétition est fonction de son message et des personnes qui se rallient à elle, c’est pourquoi nous vous sommes très reconnaissants d’avoir pris le temps de la signer. En signant cette déclaration de principes, nous vous proposons de contribuer à mettre "la liberté en action" pendant notre appel d’été et de vous faire le porte-parole de #UserFreedom dans le monde entier.

Depuis trente-cinq ans, la FSF milite pour la liberté totale des logiciels. Pendant tout ce temps, et bien qu’il aurait été pratique et populaire de le faire, nous n’avons jamais transigé sur nos principes. Être le "dernier phare" de la liberté des utilisateurs signifie garder un œil vigilant sur la façon dont les logiciels informatiques sont utilisés pour aider ou nuire à ceux qui en dépendent. Veuillez prendre un moment pour signer la pétition afin de défendre les droits des étudiants partout dans le monde, que ces droits soient les vôtres, ceux de votre enfant ou simplement ceux de quelqu’un que vous connaissez. Ensemble, nous pouvons rompre le lien entre l’éducation et les logiciels propriétaires, et favoriser la liberté à la place.


P.-S.

Ceci est une traduction, nullement un appel à pétition. Pour toutes celles et ceux qui souhaiteraient faire évoluer leurs pratiques personnelles progressivement, vous trouverez dans l’annuaire du libre une bonne ressource pour remplacer vos logiciels privateurs préférés par des outils libres.

Notes

[1D’autres articles un peu plus anciens : ici et . Voici aussi une présentation et un commentaire de ces textes par Véronique Bonnet.

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