Philosopher en langue arabe (journée PAF) - Philosophie - Espace pédagogique académique

Philosopher en langue arabe (journée PAF)

Captation audio de la journée de formation coordonnée par Mme Adouhane.

, par Franck Lelièvre - I.A. I.P.R. - Format PDF Enregistrer au format PDF

A l’initiative de Mme Yamina Adouhane qui a assuré la coordination, en coopération avec le département de philosophie de Caen et avec la participation, le matin, des élèves arabisants du lycée Malherbe et de leur professeur, se tenue le 8 avril 2022 une belle journée de formation.

En voici quelques éléments.

 Y Adouhane : introduction générale sur les spécificités de la philosophie arabe et les enjeux de son enseignement au lycée

Caractères généraux de la philosophie arabe

Mme Adouhane a lu et commenté le texte d’Al Kindi Sur la philosophie première : « Le vrai n’est pas abaissé ni amoindri par celui qu le dit ni par celui qui l’apporte. »

Celui des arts humains qui a la dignité la plus haute, le rang le plus noble, est l’art de la philosophie. On définit celle-ci comme étant "la science des choses en leurs vérités dans la mesure où l’homme en est capable." Le but du philosophe est en effet d’atteindre dans sa science le vrai, et dans son action d’agir selon le vrai. […]
Il est de notre devoir le plus nécessaire de ne pas blâmer quiconque nous a aidés à acquérir des profits légers et menus ; que dire alors de ceux qui nous ont aidés à acquérir des profits importants, réels, considérables !
Car, même s’ils ont manqué partiellement le vrai, ils furent nos alliés et nos associés, puisqu’ils nous ont procuré les acquis de leur pensée qui ont été pour nous des voies et des instruments qui nous ont conduits à la science de ce dont ils n’ont pu atteindre la vérité.
Et cela d’autant plus que, pour nous et pour les plus éminents de ceux qui se sont consacrés avant nous à la philosophie – des gens qui ne parlaient pas notre langue –, il est clair que pas un homme, dans l’effort de sa recherche, n’a pu atteindre le vrai autant que le vrai l’exige, et que tous ensemble ne l’ont pas possédé ; mais chacun d’eux ou bien n’en a rien atteint ou bien n’en a atteint que peu de chose par rapport à ce qu’exige le vrai.
Si donc on rassemble le peu qu’a atteint chacun de ceux qui ont atteint le vrai, la somme en est quelque chose d’imposant. Il nous faut donc grandement remercier ceux qui nous ont procuré quelque chose du vrai et davantage encore ceux qui nous en ont procuré beaucoup, car ils nous ont fait participer à l’acquis de leur pensée, ils nous ont rendu plus abordables les recherches vraies et cachées en nous fournissant les prémisses qui aplanissent pour nous les chemins du vrai.
Si en effet ils n’avaient pas existé, jamais nous n’aurions rassemblé, même en les recherchant intensément tout au long de nos vies, ces principes vrais au moyen desquels nous parvenons au terme de nos recherches des choses cachées. Tout cela n’a pu se rassembler que dans les siècles précédents qui se sont écoulés, siècle après siècle, jusqu’au temps qui est le nôtre, au prix d’une recherche intense, d’une étude sans relâche, d’une fatigue assumée dans ce but.
Il est impossible que se rassemble dans le temps imparti à un seul homme – et même si la durée en était prolongée, si sa recherche s’intensifiait, si sa spéculation s’affinait et s’il faisait passer l’étude avant tout – que s’y rassemble donc autant d’intensité dans la recherche, d’affinement dans la spéculation, de préséance accordée à l’étude, multipliées autant que se multipliaient toutes ces époques. Quant à Aristote, le plus éminent des grecs en philosophie, il a dit ceci : "nous devons remercier les pères de ceux qui ont apporté une part du vrai parce qu’ils ont été la cause de leur être, en sus de ce que nous devons à ceux-ci ; en effet ceux-là ont été pour eux la voie et c’est par leur moyen que nous pouvons atteindre le vrai." Comme il a bien dit cela !
Ainsi nous ne devons pas rougir de trouver beau le vrai, d’acquérir le vrai d’où qu’il vienne, même s’il vient de races éloignées de nous et de nations différentes ; pour qui cherche le vrai rien ne doit passer avant le vrai, le vrai n’est pas abaissé ni amoindri par celui qui le dit ni par celui qui l’apporte, nul ne déchoit du fait du vrai mais chacun en est ennobli.

 Lucile El Hachimi : la question du rapport aux Grecs à travers la philosophie de Farabi.

Farabi et la société juste

Par ailleurs, Jean-Baptiste Brenet a présenté la figure d’Avicenne et Ziad Bou Akl a abordé le rapport de la philosophie arabe à la théologie rationnelle à travers la figure de Ghazali et d’Averroès. Ils ont bien voulu nous proposer une bibliographie en langue française agrémentée de quelques études notamment sur Avicenne et Farabi.

 Al-Fārābī (ca 870-950)

Oeuvres traduites :

  • De l’obtention du bonheur, Paris, Allia, 2010.
  • Al-Arā’ : Opinions des habitants de la cité vertueuse, texte, traduction et commentaire, Beyrouth, Albouraq, 2011
  • Al-Mabādi’ : La politique civile ou les principes des existants, texte, traduction et commentaire, Beyrouth, Albouraq, 2011
  • Le livre du régime politique, introduction, traduction et commentaires, Paris, Les Belles Lettres, 2012.
  • Al-Milla : La Religion, texte, traduction et commentaire, Beyrouth, Albouraq, 2011.
  • Al-Iḥṣā′ : Le recensement des sciences, texte, traduction et commentaire, Beyrouth, Albouraq, 2015.
  • Épître sur l’intellect, L’Harmattan, Paris, 2001
  • Épître sur l’intellect. Introduction, traduction, et commentaire, Les Belles Lettres, Paris, 2012.
  • Aphorismes choisis, Fayard, Paris, 2003.
  • Philosophie d’Aristote, éd. Mahdi, Dar Majallat Shi‘r, Beyrouth, 1961.
  • Philosophie de Platon, éd. Walzer, Plato arabus, Warburg Institute, Londres, 1953.
    Études :
  • A. Benmakhlouf, P. Koetschet et S. Diebler, Al-Fârâbî. Philosopher à Bagdad au Xe siècle, Point Seuil, Paris, 2007.
  • A. Cherni, La cité et ses opinions : politique et métaphysique chez al-Fārābī, Albouraq, Paris, 2015.
  • M. Mahdi, Alfarabi and the Foundation of Islamic Political Philosophy, Chicago, The University of Chicago Press, 2001.
  • Ph. Vallat, Al-Fārābī et l’école d’Alexandrie, Des Prémisses de la connaissance à la philosophie politique, Vrin, Paris, 2004.

 Ibn Sīnā (Avicenne) (ca 980-1037)

Œuvres traduites :

  • Le livre de science, Les Belles lettres/Unesco, 1986.
  • Livre des directives et remarques, trad. A.-M. Goichon, Paris-Beyrouth, Vrin-Commission internationale pour la traduction des chefs-d’œuvre, 1951.
  • La métaphysique du Shifâ’, éd. G. C. Anawati, 2 vol. Paris, Vrin, 1978 et 1985. Cf. ces bonnes traductions : anglaise, par M. E. Marmura, The Metaphysics of The Healing, Brigham Young University Press, Provo, Utah, 2005 ; et italiennes, par O. Lizzini, chez Bompiani, puis par A. Bertolacci, chez Utet.
  • Lettre au vizir Abû Sa‘d. Editio princeps d’après le manuscrit de Bursa, traduction de l’arabe, introduction, notes et lexique par Y. Michot, Beyrouth, Al-Bouraq, 2000.
  • Livre de la genèse et du retour. Traduction française intégrale par Y. Michot, version exploratoire, Oxford, 2002 (elle se télécharge sur Internet ; n’est pas publiée).
  • Réfutation de l’astrologie. Edition et traduction du texte arabe, introduction, notes et lexique par Y. Michot, Beyrouth, Al-Bouraq, 2006.
  • Epître sur les prophéties, trad. J.-B. Brenet, introduction O. Lizzini, Paris, Vrin, 2018.

Études :

  • Jon McGinnis, Avicenna, Oxford, OUP, 2010.
  • Sebti M., Avicenne. L’âme humaine, Paris, PUF, 2000.
  • Gardet L., La pensée religieuse d’Avicenne (Ibn Sînâ), Paris, Vrin, 1951.
  • Michot J. R., La destinée de l’homme selon Avicenne, Louvain Peeters, 1986.
  • Di Martino C., Ratio particularis. Doctrines des sens internes d’Avicenne à Thomas d’Aquin, Paris, Vrin, 2008.

Voir en ligne : Jeudi de la philosophie IMA

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