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L’écrivain et Prix Nobel allemand Günter Grass est mort

Le Monde.fr avec AFP, le 13.04.2015 à 11h41.

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Günter Grass en Octobre 2007 à Gdansk

L’écrivain et Prix Nobel de littérature (1999) allemand Günter Grass est mort lundi 13 avril, a annoncé son éditeur sur son compte Twitter. « Le Prix Nobel de littérature Günter Grass est mort ce matin à l’âge de 87 ans dans une clinique de Lübeck [dans le Schleswig-Holstein, en Allemagne] », annonce la maison d’édition Steidl.
Günter Grass était principalement connu pour Le Tambour, publié en 1959 et dont l’adaptation filmique reçut la Palme d’Or à Cannes en 1979 et l’Oscar du meilleur film, en 1980.
Ce fumeur de pipe moustachu aux épaisses lunettes n’a eu de cesse de confronter son pays avec son passé nazi, avec sa mauvaise conscience. Il a « donné naissance, en un livre, à la littérature allemande d’après-guerre », estimait alors Der Spiegel. Sans les interventions incessantes de Grass dans le débat public, « l’Allemagne serait une autre Allemagne », même si ce maître à penser finit « parfois par nous taper sur les nerfs », ajoutait l’hebdomadaire.
Parmi ses œuvres les plus connues, écrits dans une langue luxuriante et néanmoins précise, pleine de fantaisie et d’ironie, figurent Le Chat et la Souris (1961), Les Années de chien (1963), Le Journal d’un escargot (1972), Le Turbot (1977), Une rencontre en Westphalie (1979), Toute une histoire (en 1995, qui a provoqué un tollé en Allemagne où certains médias en sont venus à dire que « Grass n’aime pas son pays »), La Ratte et Mon siècle.
Né le 16 octobre 1927 à Dantzig, devenue Gdansk dans l’actuelle Pologne, d’une mère d’origine cachoube (minorité slave de Prusse) et d’un père allemand, Grass vit une « jeunesse allemande modèle » pour sa génération.
Enrôlé à onze ans dans les Jeunesses hitlériennes avant de partir sur les champs de bataille de la seconde guerre mondiale, il est fait prisonnier à la fin de la guerre par les Américains et libéré en 1946.

Du « Groupe 47 » aux polémiques

Il mène une vie de bohème, suit des études d’arts plastiques, sculpte, peint, s’essaie à la poésie. Il se décide dans les années 1950 pour une carrière d’écrivain et va s’engager plus tard aux côtés des antifascistes du « Groupe 47 » et du social-démocrate Willy Brandt.
Parmi ses engagements les plus marquants des dernières années, il faut relever celui en faveur de la coalition « rouge-verte » alliant les sociaux-démocrates du chancelier Gerhard Schröder aux écologistes, ou contre la « croisade » du président américain George W. Bush contre l’Irak.
En 2006, M. Grass avait reconnu avoir été dans la Waffen SS, à partir d’octobre 1944, lui qui avait pourtant souvent renvoyé cruellement l’Allemagne à son passé nazi. L’écrivain, père de quatre enfants, qui vivait à Lübeck, avait déclenché une vive polémique en 2012 en publiant dans la presse allemande un poème critiquant Israël et accusant le pays de « menacer la paix mondiale ». L’Etat hébreu l’avait alors déclaré persona non grata.

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